Ce nouveau numéro l’Arab Journal of International Law maintient les qualités constatées lors des précédentes livraisons : couvrir, en ayant une constante exigence de rigueur scientifique, un large spectre de questions d’intérêt international.
Le présent numéro illustre parfaitement cette double ambition. Il démontre surtout la grande plasticité du droit international pour appréhender des phénomènes et situations d’une grande variété. Le cadre est volontairement non restrictif en ce qu’il ne s’agit pas de réduire l’étude du droit international dans le monde arabe, bien au contraire, la vocation de cette publication est de mettre en lumière la grande diversité du droit international et de ses déclinaisons régionales et locales tout en portant un regard singulier sur une aire géographique spécifique.
Jebbour propose, dans une étude ambitieuse, d’appréhender la participation du continent africain aux négociations sur le changement climatique. Le constat d’une particulière vulnérabilité au changement climatique du continent peut apparaitre pessimiste, mais les développements démontrent par contraste la forte prise de conscience des actions pouvant être entreprises pour affronter les difficultés. Il ne s’agit pas fondamentalement d’affirmer l’existence d’un différentialisme africain en la matière mais plutôt de souligner la capacité du continent à soutenir la comparaison avec d’autres cadres régionaux. Cela est favorisé par l’approche véritablement continentale défendue dans le cadre des négociations internationales. Si l’ampleur des enjeux peut varier d’un État à l’autre, l’existence d’une véritable solidarité environnementale à l’échelle continentale permet de parler d’une seule voix sur la scène internationale. Le pessimisme de la menace commune est ainsi fondamentalement contrebalancé par l’affirmation d’une réponse et d’une action unies.
Cette préoccupation irrigue également la contribution de B. Rabbiaa qui voit dans l’urgence écologique un phénomène générateur d’un nouveau droit global. Cette forme de droit, qui s’émancipe du droit international sans lui être totalement étranger illustre pleinement la notion de pluralisme juridique et démontre sa pertinence pour appréhender les risques environnementaux. L’auteur souligne, en se concentrant principalement sur le cadre marocain, la nécessaire implication d’une grande diversité d’acteurs afin de parvenir à un objectif commun de protection et préservation de l’environnement.
La dimension sociale de l’écologie constitue l’objet même de la contribution de H. El Amrani. Si l’étude s’éloigne un peu des rives de la science juridique, celle-ci n’en est pas moins utile au juriste en ce qu’elle permet de mettre en exergue la dimension profondément hétérogène et multifactorielle de la problématique environnementale. Elle appelle une approche multi-niveau qui ne saura faire l’économie d’une évaluation des conséquences sociales de la menace constatée et de la réponse apportée. La notion de justice environnementale, au cœur de l’étude, illustre ainsi parfaitement l’ancrage de la problématique environnementale à l’intersection du droit et de la sociologie.
A la suite de ces trois études reflétant les préoccupations écologiques, le présent volume renferme deux contributions consacrées respectivement à l’immigration féminine africaine au Maroc ainsi qu’à un arrêt rendu par le Tribunal de l’Union européenne intéressant particulièrement le Maroc et l’espace méditerranéen.
Sadni vise à rendre compte des questions de nationalité et d’état civil des enfants nés au Maroc de mère étrangère. L’auteur présente largement les diverses configurations dépendant de la nationalité du père et de la mère de l’enfant né sur le territoire marocain.
Enfin, le professeur Giannattasio propose une étude empruntant au droit international et à la sociologie des relations internationales, relatives à la légitimité des organisations internationales. Il s’agit de rendre compte des critiques adressées à nombre d’organisations internationales parfois perçues comme des véhicules de la persistance du monde occidental libéral. Les propositions présentées par l’auteur interrogent les rapports de pouvoir dans l’ordre international.
Julien Cazala
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