De nos jours, l’ordre international connaît des changements radicaux, et ce, à travers le dynamisme de la mondialisation, la lutte de pouvoir et de contrôle de l’interdépendance entre les grands acteurs.
Au niveau du pouvoir décisionnel international, nous constatons une faible représentation, voire l’absence totale, des pays arabes qui demeurent subordonnés aux dictats des grandes puissances et sous l’emprise du néolibéralisme. Velléités hégémoniques, anarchie des régimes politiques, enlisement de conflits et absence de stratégies de développement, sont autant de causes qui font perdurer cette situation.
Par ailleurs, le revirement idéologique qui a marqué les années quatre-vingts du 20e siècle a donné lieu à l’avènement de stratégies de développement néolibérales dont les vertus ont mis en valeur dans le cadre des Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) et plus tard dans le cadre du consensus de Washington. Mais malheureusement, les résultats de leur application dans la quasi-totalité des pays en développements ont été décevants.
Cet état de fait s’explique, entre autres, par l’incapacité de ces pays à mettre en œuvre les différentes dispositions du droit international, mais aussi à imposer en leur faveur les diverses positions des instances et juridictions internationales. Un exemple éloquent est celui des dispositions de l'avis consultatif de la Cour Internationale de Justice (CIJ), rendu en 2004, qui atteste l’obligation des Etats de ne pas reconnaitre la situation illicite du mur de séparation dans le territoire palestinien occupé. Le manque de précision sur l’objet de l’obligation des Etats dans l’avis méritait un regard particulier sur les repères de ladite disposition. Face à un tel constat qui met des restrictions à l’intervention des pays concernés, les Etats arabes ont tout simplement choisi le statuquo, plutôt que de se mettre autour d’une même table pour discuter des effets de l’avis rendu par la CIJ.
Dans la perspective de mettre en exergue les rouages de l’ordre international, résultant d’une confrontation entre la lettre et l’esprit du droit international, ainsi que les rapports de force qui marquent les relations internationales, nous avons jugé opportun de prendre l’initiative de lancer la "Revue Arabe du droit international". Celle-ci ouvrira certainement la voie à des réflexions doctrinales et académiques de qualité sur les différents aspects du droit international. Elle servira également à revaloriser la position des pays arabes sur la scène internationale.
A travers ce livre, nous espérons contribuer à décloisonner l’analyse du droit international qui se présente, de nos jours, comme un système normatif en perpétuelle évolution, qui couvre autant les aspects juridiques et politiques que les aspects économiques, sociaux et philosophiques.
Par ailleurs, les réalités de la région arabe ont mis à rude épreuve la pertinence du droit international en sollicitant des analyses approfondies d’un point de vue juridique et normatif, tout en mettant le curseur sur les défis majeurs qui se profilent dans la région comme les questions climatiques, l’immigration ou encore la précarité.
Nous terminons cette présentation par une citation extraite de l’ouvrage du Pr. Mohamed BENOUNA, professeur de droit international et juge à la Cour Internationale de Justice: ‘Le droit international entre la lettre et l’esprit, 2017’ : «Le rattachement permanent au principe de réalité est indispensable, qu’ils s’agissent des rapports de force ou des intérêts en présence. C’est ce qui donne substance et actualité à la discipline et permet d’en évaluer la pertinence et les limites».